
Productiviste ou bio, la confrontation
L’agriculture intensive paraît très difficile à remplacer. Le délégué général de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) déclarait le 2 octobre 2007 que « pour changer, il faut convaincre que le bio est l’avenir ». Mais l’agriculture bio n’est apparemment pas compatible avec le rendement exigé par les cultures pour l’export ou les biocarburants.
Comparer agriculture intensive et biologique n'est pas simple : dans l'une ou l'autre catégorie, les pratiques sont différentes. Il faut comparer des exploitations dans des situations comparables. Par ailleurs les résultats varient selon les cultures, les sols, le climat, etc. Et pour finir, l'étude doit être faite sur une durée assez longue afin de prendre en compte la durabilité des pratiques.
LE RENDEMENT
Dans les pays occidentaux où les sols sont majoritairement riches, l'agriculture biologique semble offrir des rendements de 5 % à 20 % inférieurs ) l’agriculture intensive. Dans des conditions exceptionnelles, cet écart de rendement peut aller jusqu'à 50 %. Par ailleurs, on a pu constater que l’écart de rendement varie également selon le type de culture et l’écart est plus important pour les céréales que pour les fruits.
Cependant, dans les pays en voie de développement, l’agriculture biologique produirait beaucoup plus que l’agriculture intensive. Dans ces pays, les sols pauvres demandent une gestion prudente, et l’accès aux intrants est plus difficile en raison de capacités financières limitées (limitant les rendements de l’agriculture intensive).
Si nous ne prennons en compte que le critère de rendement à court terme, l'agriculture intensive semble donc être beaucoup plus performante que l’agriculture bio.
Néanmoins, si on regarde à long terme, la situation est très différente car l’on peut constater:
-
Au fil des ans le rendement des sols diminue avec l'agriculture intensive, car les sols sont plus « fatigués par l’usage d’intrants. Après plusieurs années cette baisse de rendement peut être assez importante. On a ainsi pu constater une perte pouvant aller jusqu'à 33% de rendement à l'hectare pour du blé.
-
Le rendement des sols augmente avec l'utilisation de l'agriculture bio
-
Si les conditions météorologiques ne sont pas favorables, avec des années de sécheresse, alors l’agriculture bio assure une meilleure production. On a ainsi noté un rendement de + 31% pour le maïs, dans ce type de conditions.
-
Le bio est, selon une étude comparative longue de 30 ans menée aux USA, presque 3 fois plus rentable financièrement que l'agriculture intensive
Donc, sur l’aspect rendement et financier, l’agriculture intensive semble intéressante à court terme, alors que l’agriculture biologique l'emporte sur le long terme.
Mais la question de la rentabilité ne doit pas être la seule à être abordée.
N'oublions pas l'impact sur l'environnement, le développement des populations locales, ...
LE DEVELOPPEMENT DURABLE
L’agriculture biologique requiert de 30% à 45% d'énergie en moins que l’agriculture intensive. Martin Entz, de l’université du Manitoba, a comparé l’utilisation de l’énergie dans des parcelles de recherche et en a conclut que la production biologique utilisait moins de la moitié de l’énergie utilisée dans la production intensive et qu’une grande partie de cette différence était due à l’apport des engrais.
L’agriculture biologique structure et enrichit durablement le sol.
L’agriculture biologique, contrairement à l’agriculture intensive, alimente les nappes phréatiques et limite le ruissellement des eaux.
Emission de gaz à effet de serre. Les gaz concernés sont CO+ NO +CH
-
La contribution à ces gaz par hectare est plus faible dans l’agriculture biologique que dans celle intensive (de -20% à -50%).
Il y a moins de COet NO car l’agriculture bio n’utilise pas d’engrais azotés.
-
La contribution par kg de produit généré dépend des productions pour les deux types d’agriculture. Cependant pour les productions végétales, comme les céréales, la contribution aux gaz à effet de serre par kilogramme de produit est supérieure pour l’agriculture biologique par rapport à l’agriculture intensive.
-
En prenant en compte le carbone séquestré (CO2), alors le bilan de contribution à l’effet de serre devient plus intéressant pour l’agriculture bio.
Impacts sur la population
-
L'agriculture biologique est une grande consommatrice de main-d'oeuvre et permet donc l'embauche de 30% de personnes en plus par hectare que l’agriculture intensive
-
L’agriculture biologique contribue à enrichir les populations locales ce qui est moins le cas de l’agriculture intensive